La Vallee des Aigles Chauves
Les Saisons
Janvier est le tout
premier mois de l'année
Février voit encore
de la neige tomber
Au
mois de mars enfin c'est le joli printemps
Qui
vient en giboulées et passe dans le vent
Laissant
le mois d'avril arroser nos jardins
Et
préparer les fruits pour le chaud mois de mai
Juin
reçoit les enfants dès le petit matin
En
vandales joyeux dans ses arbres fruitiers
L'ete
fond en juillet sous l'intense chaleur
Et
se rosit les doigts de groseilles au mois d'aout
En
septembre les bois resonnent de chasseurs
Puis
teintent en octobre leurs feuillages de roux
Le
tonnerre se fait messager de l'automne
Lorsque
novembre pleure sur la terre mouillée
Puis
c'est décembre enfin et l'hiver qui s'étonne
Des
bêtes qui sommeillent au fond de ses forêts
Le Crabe et le Coco
Mais il était trop bringueur
Et ses copains lui conseillaient
D'aller chercher sa femme ailleurs
"Le prochain Coco part demain!"
Alors Coco fait sa valise
Et dit Adieu à ses copains
Apres une journée de voyage
Ils arrivent à la balise.
"Il n'y a rien pour faire un trou!"
Dit le crabe desappointé,
"Continuons jusqu'aux récifs!"
"Mais, il n'y a que des rochers,
Aucune terre pour mes pieds!"
Dit le Coco très inquiet.
Alors la mer se fait houleuse,
Les grosses vagues, monstrueuses.
"Je n'aurais jamais du quitter
Mon île pour me marier"
Dit le crabe en gémissant.
"J'aurais du rester planté
Au pied de mon cocotier"
Dit le Coco trés secoué.
Aprés des journées de vent,
La lune blanche apparaît
Comme posée sur l'océan.
Nos deux amis émerveillés
Se croient enfin arrivés.
On ne les revit jamais.
Mais lorsque la lune est pleine
On peut y voir un motu *,
Un cocotier et plein de trous!
Crabe a du s'y marier...
Sylvie M. Miller
Moorea, le 26 aout 2000
La neige est enfin tombée
Tes Ecureuils (pour Félix)
Qui font des huit
Tu les a vus
Je ne t'aurais pas vu troquer
Tes carnets pleins de magie
Pour des cahiers d'écolier
Un Coco pour les Oiseaux
Le Mahi Mahi
Tourne tourne tourne vite
Manu et l'Ile aux Oiseaux
L'Ile aux Oiseaux
Je te parle d’une île perdue sur l’Océan.
Le vieil Aïto
Nous sommes à la veille de Noël. L’île entière est trempée par la pluie qui vient de la traverser, laissant derrière elle une traînée de couleurs. Les arbres brillent sous l’aube naissante. Tout près d’un champ de tarots, au bord d’une rivière, un petit fare niau est bercé par les murmures du lagon tout proche. Sur la plage, un petit garçon attend le retour de son papa. Ce dernier est parti très tôt avec sa pirogue, non pas pour pêcher cette fois, mais pour trouver de quoi fabriquer les cadeaux dont ses enfants rêvent pour Noël!
L’école est fermée aujourd’hui et comme tous les enfants de l’île, Manutea et sa petite sœur, Maîmiti, ont prévu d’utiliser leur journée pour préparer les festivités et décorer leur arbre de Noël. A la différence des autres arbres de Noël que l’on voit dans les maisons, le leur est un vieil aïto qui sélève sur la plage. Qui plus est, lorsqu’il est ainsi décoré de couleurs chatoyantes, il attire, le temps d’une nuit, des charmes qui, portés par la brise, se posent sur ses branches!
Après avoir aidé leur maman à balayer, les deux enfants s’occupent à ramasser les feuilles que le vent de la nuit a dispersées partout dans le jardin. Puis, ils transportent le large panier rempli de décorations de toutes sortes sur la plage.
La petite Maïmiti déballe avec précaution les boules rouges, jaunes, bleues et les tend une à une à son frère. Bientôt, toutes les branches qui sont à la hauteur du petit garçon, sont couvertes de bricoles multicolores! Et la petite Maïmiti, épuisée s’endort au pied de l’arbre, la joue posée sur les racines.
Dans le rêve de Maïmiti, le vieil aíto s’est animé. Il s’est transformé en un homme souriant et fort dont les bras couverts de tatouages merveilleux rappellent les décorations sur les branches, son torse et ses jambes puissantes font penser à un tronc magnifique et robuste. Quant aux colliers de fleurs qui parsèment ses cheveux et sa barbe, ils le font curieusement ressembler à l’idée que Maïmiti se fait du Père Noël!
Penché vers elle, l’homme écoute attentivement et parce qu'il n'entend habituellement que le vent qui souffle dans les branches ou bien les cris des oiseaux, ou bien encore le remous des vagues dans la mer, il s'efforce à tendre l’oreille:
“Est-ce un vini ou bien le clapotis de l’eau?” s’interroge-t-il tout haut
“C’est moi” répond la petite fille.
“Et que puis-je faire pour toi, Maïmiti?”
“… j'aimerais bien une maison avec des portes, des fenêtres et des chaises. Et un lit pour ma poupée!”
“Pour cela, tu dois chercher l’endroit où tout passe par le ciel. Quand tu l’auras trouvé, tu trouveras aussi ta maison…” répond l'homme Père Noël avant de remonter dans le vieil aíto.
Très impressionnée par son rêve, Maïmiti se réveille en sursaut! Elle est toute étonnée de ne pas trouver son frère à ses côtés et l’apercevant sur le rivage qui attend le retour de leur père, elle court vers lui pour lui raconter son rêve fabuleux!
Manutea comprend qu’il s’agit là d’un message important et il se met à marcher de long en large sur la plage, en essayant de deviner ce que le message veut dire. Pendant ce temps, Maímiti s'efforce de ne pas rester en arrière et gambade après lui, effaçant le sommeil de ses jolis yeux.
Sur la mer, les couleurs du crépuscule commencent déjà à rosir lorsque la pirogue de leur père apparaît au loin, sur la passe. Avec son expérience, Manutea sait que le soleil aura disparu derrière l’horizon lorsque la pirogue atteindra le rivage et il court chercher dans le fare, la lampe à pétrole qui les aidera à éclairer la plage.
Mais leur papa est désolé! Il n’a rien trouvé! Pas un seul morceau de bois qui puisse aider à la fabrication d’une pirogue ou d’une maison de poupées! Il n’y a dans le filet qu’une étoile de mer.
Manutea la dégage des mailles encore mouillées du filet et s'apprête à aller la rejeter à l’eau, lorsqu’il entend s’en dégager comme un bruit de coquillage sur des cristaux de sable:
“Aide-moi à briller! Porte-moi là où tout passe par le ciel, ainsi je serai belle pour la nuit de Noël!”
C’est alors que, dans leur écrin bleuté, les étoiles paraissent dans le ciel et Maïmiti, étonnée, croit y reconnaître un millier de clins d'œil!
“J’ai compris” s’écrie-t-elle en montrant du doigt le sommet du aíto: “J'ai compris: L’étoile de mer veut briller là haut! C'est là haut où tout passe par le ciel!”
En effet, après avoir grimpé au vieil aíto dont les branches sont soudain devenues douces au toucher, Manutea franchit le sommet et brandit haut dans le ciel la petite étoile de mer qu’il a tenu tout le temps dans la poche de son short pour ne pas la blesser.
Alors, le ciel soudain s’éclaire de mille feux, les rivages brillent sous les reflets que jette la petite étoile qu'un tel spectacle émerveille!
C’est à ce moment-là que, du haut de leur arbre, les deux enfants aperçoivent dans la rivière ce qu'ils n'auraient jamais pu voir depuis le sol: un vieil et vénérable uru que les vents violents de la nuit dernière ont déraciné.
Cette fois, c’est Manutea qui crie de joie “ Voici le bois dont nous avons besoin pour ta maison, Maímiti!”
“…Et aussi pour la pirogue de notre père!" reprend la petite fille en se laissant guider par son frère pour descendre sans tomber et se retrouver saine et sauve à terre, les pieds solidement posés sur la plage!
Plus tard, il aura suffit d’une scie, de quelques clous, d’un coupon de calicot et de tout l’amour des parents pour que les cadeaux des enfants soient fabriqués en l'espace d'une nuit, à temps pour le matin de Noël.
Dans le bois du vieil uru tombé au bord de la rivière, ils ont pu faire une pirogue légère et facile à manier pour Manutea. L’autre pirogue, plus lourde, demandera un travail plus important que le père des deux enfants entreprendra durant le mois.
Quant à la maison de poupées, elle a demandé autant d’attention dans sa construction mais plus de soin dans sa décoration, car pendant que le papa de Maïmiti en façonnait les meubles, sa maman cousait pour chaque fenêtre de la maison de jolis rideaux de couleurs qu’elle avait découpés dans le calicot, pour les chambres, et dans un pareú pour les fenêtres du salon et de la cuisine.
Au matin, tandis que leurs parents, épuisés, dormaient encore, le visage appuyé contre la coque de la pirogue, les Maimiti et Manutea se réveillèrent sur le sable scintillant du rivage et eurent le bonheur de trouver les cadeaux dont ils rêvaient sur les racines du vieil aíto tout décoré pour Noël.
Manu et la Pluie
Devant la pluie qui tambourine et se déroule derrière lui, Manu s’échappe comme il peut: il s’imagine être un surfeur qui se faufile entre les eaux et chevauche son vélo comme une planche sur la houle!
Dès que les gouttes le rattrapent, Manu devient Ta’aroa monté du ventre de la mer: Son vélo est un dauphin magnifique et légendaire, les tipaniers sont des coraux, les farés de gros burgots et la pluie sur son visage: une preuve supplémentaire de son fabuleux courage.
Mais voici qu’avec l’orage où se talonnent des éclairs, Manu entend un jappement et, dressé sur son vélo, l’enfant cherche d’où il vient…
Est-ce un des courants marins dont les nombreux va-et-vient ont retenu prisonnier quelque pêcheur et son filet?
Est-ce le ciel qui proteste -car mouillé par les embruns que soulèvent son dauphin?
Ou bien encore une marée qui, égarée dans l’univers, cherche à rejoindre la terre?
Ta’aroa écoute bien et ménage sa monture en lui flattant l’encolure.
Qui va-t-il pouvoir sauver?
En fait, c’est un petit chien attaché près de la route, un petit chien tout trempé qu’on a sans doute oublié!
Brandissant son javelot, Ta’aroa jaillit des flots. Comme un soleil qui fait sécher l'humidité sur le sable, la vue du vaillant guerrier sorti de l’eau pour le sauver, est une joie pour le chiot qui, libéré, oublie pourquoi il se plaignait et court après la bicyclette de son nouveau petit maître.
Alors, le vaillant guerrier, une main posée sur son guidon, l’autre pointée sur le soleil, propose à son vélo-dragon la tortue d’or à l’horizon.